Faire rêver, mais toujours avec honnêteté. Donner envie aux lecteurs de quitter leur canapé, mais pour une bonne raison. Les motiver à prendre leur voiture, leur vélo ou leurs baskets pour se rendre là où l’on souhaite, dans l’espoir de les surprendre et de les émerveiller. Voilà une mission qui n’est pas si simple, croyez-moi. C’est pourtant le défi d’un auteur de guides touristiques, bien au-delà de vendre ses guides, car aucun de nous ne fait pas cela pour l’argent. Seule la passion nous motive tous ! Je rends la tâche plus complexe encore, me concernant, car je m’applique à ne jamais embellir les lieux que je prends en photo, au risque de les sublimer et provoquer ensuite, inéluctablement, un décalage avec la réalité.
Voilà comment je voulais aborder cet article, sous l’angle d’un contrat de confiance entre mes lecteurs et moi : rester sincère avec eux tout en titillant leur curiosité. Un lieu photographié doit être présenté comme il est et non comme on aimerait qu’il soit perçu, au détriment de la réalité ! Il faut alors résister au chant des sirènes que sont les filtres magiques et autres pirouettes d’infographie.
Cela étant dit, l’écriture est un autre moyen de faire rêver et là encore, la sincérité s’impose. Bien sûr, mon enthousiasme légendaire peut légèrement amplifier les choses – je l’ignore, à vous de me le dire – mais sachez que ce n’est jamais intentionnel. C’est juste que lorsque l’on apprécie fortement un lieu ou une personne, il est normal de vouloir convaincre les autres d’y aller, sinon, autant ne rien dire, non ?
C’est ainsi que je me présente lorsque je quitte ma fonction de rédacteur, photographe et community manager pour les entreprises et que je revêts ma casquette d’auteur. Rien à voir avec un touriste classique, ni même avec un « Professionnel du tourisme » qu’il faut plutôt assimiler à un restaurateur, un hébergeur ou un prestataire de service de type accrobranches, activités nautiques, visites guidées, etc. En revanche, si je ne suis ni l’un ni l’autre, mon travail est de me mettre dans la peau d’un touriste une fois sur place et de vivre les expériences que m’offrent parfois les professionnels du tourisme, afin de savoir de quoi je parle. C’est en vivant chaque expérience et en parlant avec les gens que je croise, que je peux avoir la certitude de bien comprendre le lieu ou l’activité et être sûr qu’il correspond à mes attentes de curieux, sensible au tourisme vert, culturel et de savoir-faire.
Quand j’aime un lieu, je le mets dans mes guides. Quand je ne suis pas convaincu, après expérience vécue, je n’en parle pas, ni en bien ni en mal d’ailleurs. Un auteur de guides touristiques n’est en aucun cas un juge qui sanctionne. Il se contente de sélectionner des lieux qui ont réussi à le convaincre.
Et bien c’est très simple : on dit et on montre ce qui est, rien de plus, tout comme lors d’un rendez-vous galant où il faut rester soi. Pour chaque destination, on s’exprime, on s’engage, on écrit ce que ce lieu nous a inspiré, on cadre les photos comme on le souhaite et on immortalise ce qui nous semble le plus représentatif. Tout cela intègre bien malgré nous une dimension subjective, il faut le reconnaître. Mais après tout, c’est là aussi le privilège d’être un auteur libre !
Libre de choisir ses lieux sans être guidé par un modèle imposé par une maison d’édition qui nous réduirait à faire de vulgaires publireportages et à mettre nos convictions où je pense. Libre de mettre en lumière des personnes qui, selon nous, méritent de sortir de l’ombre par leur gentillesse, leurs compétences, la qualité de leur service, voire leur talent (souvent). La liberté de choisir est la raison pour laquelle je suis auteur chez Christine Bonneton, outre la notoriété reconnue de cette belle maison d’édition.
À l’heure où de nombreux magazines ou guides touristiques sont réalisés à distance par des gens qui ne se sont jamais rendus sur place et qui n’ont jamais parlé avec qui que ce soit. À l’heure où certains magazines privilégient l’achat de photos sur des banques d’images pour illustrer la majorité de leurs articles, quitte à mettre du ciel bleu toute l’année en couverture et des gens aux dents si blanches qu’ils pourraient faire la pub d’un dentifrice miracle, et bien je vous promets qu’il est bon de voir ses propres photos imprimées pour présenter un lieu, qui sont comme elles sont, sans prétention, mais authentiques.
« On s’engage ! », je reviens sur cet élément important qui pèse son poids dans notre conscience, car les lecteurs qui nous ont fait confiance, qui sont sortis de leur canapé, qui ont interrompu leur série TV, qui ont fait l’effort de se déplacer, tout simplement parce qu’ils ont cru en nous, il faut ensuite être capable – ça peut arriver – de répondre à d’éventuels mécontentement vis-à-vis d’un lieu qui n’aurait pas convaincu tout le monde. On ne peut malheureusement pas tous avoir la même sensibilité aux choses. Cependant, nous pourrons argumenter notre choix et c’est essentiel.
Bienvenue dans la seule face cachée d’un auteur de guides touristiques, qui, comme moi, publie ses lieux en Live sur les réseaux sociaux en donnant l’illusion d’être souvent en pleine séance de contemplation ou de ressourcement, alors qu’il a encore huit autres lieux à faire dans la journée avant qu’il ne fasse nuit, avant que le prochain lieu ne ferme ses portes au public ou avant la pluie. Autant de speed à dissimuler lors d’un selfie pour faire ressentir, le plus profondément possible, l’âme d’un lieu, son Genius Loci. En faisant cela, on cache notre stress au lecteur, c’est vrai, mais on ne ment pas sur le lieu. En reportage, mes journées commencent bien souvent à partir de 6h00 et ne se terminent guère avant 21h00, après des centaines et centaines de kilomètres parcourus en voiture chaque jour et une autre partie à pied.
Voici les autres missions d’un auteur de guides touristiques, celles que vous ne voyez jamais et pour cause, elles se déroulent dans l’ombre et le silence total, ainsi que dans une connexion intime avec nos souvenirs. L’écriture est un sport solitaire qui épuise réellement le corps. Pour le guide « Le Portugal pour les curieux« , par exemple, sachez qu’il comporte plus de 36.000 mots, sans compter le temps nécessaire pour recueillir des informations historiques ou techniques qui ne s’inventent pas.
Je dirais que je passe autant de temps sur le terrain qu’à écrire et sélectionner les photos. Un guide, c’est quelques milliers de photos prises qu’il faut ensuite trier pour ne livrer que les meilleures à la maison d’édition. Il faut également renommer chaque fichier pour que le maquettiste puisse s’y retrouver et là encore, c’est beaucoup de temps. Dans ce guide de 220 pages, exclusivement dédié au Portugal, il y a 300 photos pour information.
Voilà brièvement décrit la vie d’un auteur de guides touristiques ou celui d’un journaliste-voyage, comme je l’ai été durant 5 ans au Portugal. Puisse cet article vous avoir donné une autre image de notre métier et à votre disposition pour échanger.
Marc
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