Avec ses 100 salles dispersées dans Paris, et ses 160 en province, la France reste le berceau historique et incontesté du cabaret. Ce type d’établissement est apparu dans l’Hexagone au XIXe siècle. Il a connu une évolution constante, s’adaptant systématiquement à ses clients et à la société. Ce secteur d’activité dégageait 220 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel avant la pandémie, soit trois millions de spectateurs par an. La chute de fréquentation a été vertigineuse en 2020 pour ces professionnels du spectacle. Voici une autopsie des cabarets en 2023 décortiquée, analysée et romancée…
Quelle autre discipline culturelle a su si bien allier l’excellence artistique et la convivialité, la chanson et les arts de la danse, de la musique et du cirque ?
Syndicat National des Cabarets, Music-halls & Lieux de Création, CAMULC
De nombreux cabarets ont néanmoins su résister et ont même innové. Si la clientèle la plus fidèle de ces salles de Music-Hall était historiquement le 3e âge (ça a bien changé), les Comités Sociaux et Économiques (CSE) sont également friands des déjeuners et des dîners-spectacles.
La capacité d’une salle de cabaret peut aller d’une dizaine de spectateurs (pour les plus modestes) à plus de 1 200, si l’on prend comme exemple la plus grande de France (jusqu’ici), l’Ange Bleu, près de Bordeaux. Dans un cabaret, il faut compter en moyenne 45 € pour le spectacle seul, 39 € seulement au Milady Opéra de Toulouse (avec boisson offerte – hors cocktail). Son propriétaire, Michaël Malery, a souhaité en effet rendre cette sortie le plus abordable possible aux personnes âgées. Une promesse faite à sa grand-mère, qui dressait à l’époque un constat plutôt objectif sur l’inaccessibilité des cabarets pour le petit budget de nos aînés.
Alors oui, ce n’est plus un secret pour personne : la clientèle des cabarets est majoritairement âgée ! Mais pourquoi donc ? Est-ce un privilège réservé aux retraités qui ont les moyens, une fatalité ou au contraire une bénédiction pour ce secteur d’activité ? Les trois « Ma Capitaine », pour faire référence au grade dans une revue de cabaret. Les clubs de retraités – et donc du 3e âge – sont véritablement addicts des dîners-spectacles dans les cabarets. Mais il existe également une clientèle plus silencieuse et méconnue, et pourtant si fidèle : les Comités Sociaux et Économiques, les CE pour faire simple.
Pour le repas, ajoutez en moyenne 30 à 40 €, voire plus selon l’établissement et le niveau de prestation. Il est bien souvent complet (entrée, plat, dessert et café, parfois avec une boisson incluse), mais son tarif reste néanmoins encore élevé pour une simple sortie d’un soir. C’est très certainement cet aspect financier qui freine la clientèle plus jeune. Cependant, lorsque cette rare clientèle découvre cet univers féérique, elle reste totalement fascinée. En effet, sachez qu’une sortie cabaret n’est justement pas qu’une simple sortie. Voilà ce qu’il faut retenir !
La scène, les habits de lumière, les visages maquillés, pailletés et parfois travestis. Les plumes, les musiques, les clowns. Les magiciens ou encore les humoristes, ils contribuent tous à maintenir un rythme effréné durant toute la durée du spectacle. Aussi essoufflant que fascinant, le cabaret divertit, émeut, surprend et nous fait oublier le temps. Son atmosphère magique, burlesque et décalée marque une parenthèse très nette avec le quotidien et les sorties banales dans les bars, les pubs ou les restaurants. En clair : c’est incomparable !
Dans un cabaret, l’ambiance est enflammée du début à la fin. Les costumiers, les maquilleuses et les accessoiristes plantent le décor et nous ensorcellent en un tour de main. Les artistes, ensuite, mettent tout cela en musique, avec des shows exécutés par des danseuses et danseurs de haute volée, particulièrement talentueux et très entraînés. Ils ont le don de nous plonger dans de folles histoires. Les transformistes, quant à eux, apportent leur lot d’émotions avec des prestations de chant qui peuvent emporter une salle tout entière. Le public est alors médusé par des prouesses vocales insoupçonnables et une sincérité aussi profonde que touchante.
Le cabaret, c’est un laboratoire. On ne peut pas être plus proche du public. Le cabaret ne triche pas, il est juste et impitoyable. Il apprend l’efficacité, l’assurance.
Smaïn / Sur la vie de ma mère
Cette expérience immersive du cabaret commence dès l’entrée dans l’établissement. Cela semble être une coutume dans la profession : propriétaires et danseuses nous accueillent à notre arrivée pour nous souhaiter une excellente soirée ! Cette connexion et cette proximité avec les clients constituent sans nul doute l’âme du cabaret. Nous sommes ainsi immédiatement happés par cette convivialité qui s’ouvrira ensuite, pour celles et ceux qui le souhaitent, sur de l’interaction directe avec les artistes. Les clowns et les transformistes sont d’ailleurs très doués pour créer ce lien privilégié avec la salle. L’état d’esprit est toujours bienveillant et bon enfant, saupoudré d’autodérision et d’une histoire racontée. Vous l’aurez compris, quand on rentre dans un cabaret, ce n’est pas un simple « Bonjour… tu vas bien ? », mais bien plus : « Bienvenue au Milady Opéra, nous vous souhaitons un excellent moment en notre compagnie ! »
Les Comités Sociaux et Économiques sont très demandeurs de sorties cabaret. Ils proposent bien plus qu’une simple plateforme d’accès à une billetterie individuelle avec tarif réduit à la clé. L’organisation d’une sortie cabaret par un CSE/CE annonce toujours, en effet, une activité aux p’tits oignons pour les salariés.
La différence principale entre CSE et CE est qu’un CSE peut être mis en place dans une entreprise à partir de 11 salariés uniquement, contre 50 obligatoires pour un CE. Un CSE a également moins d’élus, mais ils ont donc plus de responsabilités. L’objectif principal est de les divertir, qu’ils s’amusent, qu’ils se défoulent, qu’ils rient, qu’ils participent, qu’ils se rechargent d’un esprit d’entreprise convivial qui a tout à fait le droit d’être ponctuellement festif, et ils ne s’en privent pas.
Au Milady Opéra de Saint-Orens-de-Gameville, après le show, la salle se convertit en dancefloor, une option qui séduit énormément les entreprises qui souhaitent de plus en plus prolonger la fête après le spectacle. Une formule privative, complète ou semi-complète, du cabaret est aussi envisageable au Milady Opéra. Ce célèbre cabaret toulousain propose également des espaces dédiés aux séminaires, avec tout le matériel technique indispensable à ce type d’événement.
Michaël Malery, propriétaire et artiste lui-même, innove constamment en matière de shows. C’est lui qui crée toute la revue. Il compose même 90 % des musiques de ses spectacles sur son piano, chez lui. Chaque année, la revue du Milady change et monte constamment en gamme et en originalité pour offrir des shows toujours plus spectaculaires, exotiques et féériques. Là-bas, les costumes de l’année précédente ne sont jamais revendus. Ils sont stockés précieusement et deviennent les gardiens de souvenirs inoubliables. Le Milady World, un tour du monde qui déploie une énergie phénoménale sur scène, est le moment phare des spectacles au Milady Opéra, le feu d’artifice final.
Etude de l’activité Cabaret en France 2022-2023.
L’observatoire des cabarets a publié son bilan pour le 4e trimestre 2022. Son travail consiste à mettre en lumière, chaque trimestre, les grandes tendances de l’activité des cabarets en France. L’étude s’appuie sur l’évolution du chiffre d’affaires, la fréquentation des établissements et la confiance en l’avenir. L’après-crise Covid a déjà eu des rebonds positifs pour les cabarets, avec une hausse de 17 % du chiffre d’affaires par rapport à 2019 et une hausse de 5,8 % de la fréquentation, toujours par rapport à 2019. L’année 2022 se termine donc par une note positive.
Néanmoins, la vigilance reste de rigueur pour 2023 étant donné l’inflation générale, les grèves, les remboursements de prêts garantis par l’État pour certains et l’augmentation des coûts de l’énergie. À Paris, l’activité du 4e trimestre 2022 ressort avec une augmentation de 15 % par rapport à 2019. Ce phénomène s’explique en partie par le retour des touristes et la forte présence de la clientèle individuelle. En région, c’est encore mieux : +22 % !
À Paris, le nombre de représentations (hors Lido) a atteint son niveau de 2019, sans pour autant le dépasser. En région, ce nombre atteint +22 %. Globalement, le ticket moyen passe de 89 € en 2019 à 98 € en 2022 (il est de 79 € au Milady Opéra). Le spectacle de Noël reste important en région pour plus de la moitié des répondants, tandis qu’à Paris seul un établissement conserve cette tradition. Si la clientèle individuelle représente 70 % de la fréquentation des cabarets à Paris, elle plafonne à 40 % en région, avec un complément important garanti par les CE, CSE et clubs seniors.
Il est néanmoins important de souligner ici qu’une clientèle individuelle plus jeune est apparue en force depuis quelques années. Ce phénomène vient débrider l’image « ridée » et vieillissante qui collait à la peau des cabarets. De nombreux établissements ont déjà fait remonter l’information. Citons par exemple Madame Arthur à Paris ou La Sirène à Barbe à Dieppe.
Source : camulc.org
Autopsie des Cabarets en 2023
Texte et photos : Marc Nevoux
Remerciements :
Relectrice / Correctrice : Barbara de Amorin (la Chouette Correctrice) – Instagram – Linkedin
Cookie | Durée | Description |
---|---|---|
cookielawinfo-checkbox-analytics | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Analytics". |
cookielawinfo-checkbox-functional | 11 months | The cookie is set by GDPR cookie consent to record the user consent for the cookies in the category "Functional". |
cookielawinfo-checkbox-necessary | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookies is used to store the user consent for the cookies in the category "Necessary". |
cookielawinfo-checkbox-others | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Other. |
cookielawinfo-checkbox-performance | 11 months | This cookie is set by GDPR Cookie Consent plugin. The cookie is used to store the user consent for the cookies in the category "Performance". |
viewed_cookie_policy | 11 months | The cookie is set by the GDPR Cookie Consent plugin and is used to store whether or not user has consented to the use of cookies. It does not store any personal data. |
Laisser un commentaire