Nazaré est connue dans le monde entier pour sa fameuse « Grande vague ». Temple des surfeurs, cette ville balnéaire du Portugal possède en effet une côte dont la topographie sous-marine favorise la formation de vagues immensément grandes, notamment l’hiver. Sous l’eau, il y a généralement la même continuité d’énergie partout, mais quand les ondes passent dans ce point très fort qu’est le canyon de Nazaré, cette énergie est décuplée et crée des vagues bien plus imposantes qu’à la normale. C’est donc un spot incontournable pour les amoureux et experts de la glisse.
Mais Nazaré, c’est aussi son folklore, avec ses femmes aux « sept jupes », ou « les jupes aux sept jupons », comme certains les appellent. Elles font partie des traditions, du patrimoine si j’ose dire. Ces jupes symbolisent les sept vertus : la justice, la persévérance, la charité, la tempérance, l’espérance, la foi et la prudence. Sept, comme les sept jours de la semaine aussi, les sept couleurs de l’arc-en-ciel ou plus local encore, les sept vagues de la mer (la 7e étant la plus forte). Ce chiffre 7 fait également référence à certaines traditions bibliques et mythiques (les sept cieux ou le chiffre porte-bonheur). Par ailleurs, l’origine de cette superposition de vêtements pourrait reposer aussi sur le fait que les femmes attendaient de longues heures leur mari pêcheur. Aussi, pouvaient-t-elles recouvrir à volonté, leur tête, leurs épaules ou leurs jambes en « piochant » dans leurs multiples couches de jupe.
Nazaré était traditionnellement une terre de pêcheurs du Portugal. À présent ceux-ci représentent seulement 7% de l’ensemble de la population nazaréenne. En prenant en compte la main-d’œuvre terrestre – les femmes de pêcheurs et les retraités – on estime que 2000 personnes vivent de la pêche. Le 27 août 1969, Manuel Remígio, propriétaire du journal Nazaré (nº43) déclarait « qu’ils étaient environ 10 000 » chiffre qui représentait 74% de la population d’alors.
Dans de nombreuses communautés, la participation des femmes à l’économie locale est souvent déterminante. La réussite du métier de pêcheur dépend de leur participation étroite à la production. À Nazaré, celle-ci s’est exprimée par une omniprésence des femmes dans les activités terrestres. Traditionnellement, le produit de la pêche échappait aux pêcheurs dès lors que celui-ci était à terre. Après avoir aidé à haler les embarcations sur le sable, les femmes déchargeaient les paniers, triaient le poisson et le vendait à l’encan.
Le séchage s’effectuait également sur place. Dans les années 1940, près de huit cents femmes travaillaient au séchoir de la plage. À l’origine la matière première provenait de la part du pêcheur, mais en raison de l’importance de la production, les femmes ont dû se procurer la marchandise à la criée pour approvisionner leur commerce. Elles deviennent ainsi les principaux acteurs de la commercialisation du poisson. À tous les niveaux de la chaîne technique, du débarquement de la prise jusqu’à sa consommation, en passant par son transport, sa transformation, son stockage et sa vente, se trouvent des femmes et des filles de pêcheurs, au destin tracé.
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