Si le Selfie fait désormais partie de notre vie, il n’en reste pas moins un exercice délicat à exécuter pour certains. Il peut évidemment se faire à la volée, dans l’instant ou alors en concentration extrême, impulsé par un effort surhumain, dans un lieu public ou dans sa salle de bain. Il peut également être travaillé, scénarisé et peaufiné s’il a vocation à séduire, interpeler ou à nous rassurer (thérapie-photo). Mais soyons honnêtes, le Selfie fait aussi peur qu’il fascine car il fige ce que nous sommes à un moment donné et nous renvoie brutalement à l’image que l’on a de soi, pas toujours objective, confrontée à celle qui existe vraiment. Une prise de recul sur une prise de vue, voilà de quoi s’offrir une belle prise de tête pour certains. D’innombrables psychologies de comptoir habillent le Selfie pour l’hiver et les autres saisons. Pourtant, tout le monde est concerné, autant ceux qui osent, que ce qui n’osent pas. Il faut en effet assumer le fait d’avoir un avatar qui nous représente fidèlement, comme le fait de ne pas en avoir et de le remplacer par un bouquet de fleurs, son chat ou sa voiture. Tirons les ficelles des Selfies, mais avant de vous livrer mes réflexions sur ce sujet, un peu d’histoire…
Le Selfi, tel qu’on le connaît aujourd’hui, est né en 2002 sur un forum australien en ligne « ABC Online ». Il connait un premier élan en 2004, qui a dû suffisamment inspirer Jim Krause – designer, photographe, illustrateur et auteur – pour qu’il écrive un manuel photographique qui traite en partie de cette tendance croissante. MySpace dénommait l’autoportrait ainsi : « MySpace Pic ». Facebook s’est chargé ensuite de lui donner toutes ses lettres de noblesse sous le nom d’Avatar, un phénomène qui croît chaque année. Est-ce un simple fait de société ou le témoin d’un mal-être individuel généralisé ? N’est-ce pas plutôt une transition sociologique et technologique avec une ascendance du virtuel sur le réel ? On peut s’interroger, car à mon humble avis, le Selfie n’est que le haut de l’Iceberg, un signe parmi d’autres d’une communication en pleine phase de mutation. Le premier auto-portrait date bien plus longtemps. En 1839, l’Américain Robert Cornelius a posé 15 minutes devant son objectif pour obtenir ce cliché.
Grandement facilité par la technologie époustouflante des smartphones aux pixels qui ne manquent pas de sel et à l’intelligence artificielle qui fera indéfiniment du zèle, le Selfie nous colle décidément à la peau, dans tous les sens du derme. Par ailleurs, il est gracieusement saupoudré par des filtres de beauté et autres artifices esthétique passés à la moulinette Instagram. Ce sont des sortes de poudres de perlimpinpin qui nous embellissent d’un clic et peuvent nous faire rajeunir à souhait. Ainsi, même quand on se trouve presque laid, on peut devenir presque beau. Pire encore, quand on est laid, mais pour de vrai, on peut devenir vraiment beau, mais pour de faux… faut pas pousser ! N’oublions pas cependant que l’important n’est pas d’être beau ou laid, tout cela n’étant que subjectif, mais d’accepter comment on est et qui on est. Plus cette image de nous sera proche de la réalité – donc sans embellissement excessif – plus nous serons en phase avec elle, avec nous.
Être ou paraître, That is the question ? La vie réelle semble inéluctablement nous filer entre les doigts au profit d’une réalité augmentée qui grignote du terrain sur le plan des relations humaines. Nous nous sommes ainsi allégés des réunions de famille qui se déroulent à présent en visio, tout comme les entretiens professionnels, de santé ou amicaux. De nos jours, on va envoyer un sms, un Whatsapp ou un vocal à un ami qui habite à deux pas de chez nous et qui ne donne plus signe de vie, juste pour lui demander comment il va, au lieu de passer le voir. Écran, oh mon écran, tu as su rapprocher les continents, tandis que sans mot dire, tu nous éloignes socialement. Nous voilà donc plus près du loin et plus loin du près, à quelques choses près…
Le Selfie n’est qu’une image de nous, renvoyée comme un cri ou un chuchotement. Le Selfie ne dit rien, il laisse entendre seulement, mais n’en pense pas moins. En fonction de son intensité, de sa résonnance et des vibrations qu’il transmet, il produira tel ou tel effet chez celui ou celle qui va l’intercepter. Le Selfie peut alors devenir énigmatique, un message subtil ou tordu à décrypter pour tenter de comprendre ce qui se passe de l’autre côté. Son utilisation à tout-va poignarde le verbe dans le dos, lui qui ne l’a pas vu venir, désormais impuissant, trébuchant et titubant entre les lignes. Un Selfie est désormais utilisé pour partager un état d’âme, tout comme le font aussi les statuts : heureux, inquiet, en forme, perplexe ou c’est compliqué. N’oublions pas les Smileys qui eux aussi sont un croche-pied à l’écriture.
Notre communication verbale et écrite se font progressivement la malle en faveur d’une communication visuelle qui prend le pouvoir et ouvre grand ses ailes. Pour prendre un peu de hauteur en tant qu’auteur, il faut bien reconnaître que plus grand monde n’écrit et que plus personne ne lit plus vraiment, proportionnellement aux millions de zappeurs qui font défiler du contenu à vitesse Grand V et qui répondent à des commentaires par l’abus d’émoticônes. On peut imaginer que les écrivains du futur se limiteront à des titres et des Tags, dans le maigre espoir d’être lu par quelques restes d’humains mordus (ou moldus) ou alors par des robots aux algorithmes ayant appris à devenir sensibles. Un scénario peu reluisant du livre et de sa reliure, des romans et de leur aventures, du slam et de son âme. Je m’interroge sur une hypothétique fainéantise mondiale et profonde qui nous rongerait du scaphoïde à la choroïde.
Mais assez dénigré le Selfie et philosophé sur ses improbables dystopies… Haut les cœurs, le Selfie, c’est tendance et bon pour la santé ! C’est du lard pour vegan, de l’art pour un alexithymique, du doliprane pour l’âme et un boulevard à manger du foin pour qui l’utilise comme un sagouin : avec lui, tout est permis ! Le Selfie reste une arme et un allié précieux pour qui sait le maîtriser. Pour tous les autres, c’est une balle dans le pied, car sans Selfie de qualité, aujourd’hui, on n’existe pas. Idem pour les absents des réseaux sociaux. Si tu n’as pas de profil, tu seras vite oublié par le reste du monde ou rattrapé par les impôts, les assurances, les caisses de retraites et autres organismes boulimiques de Datas, qui t’imposeront tôt ou tard d’en avoir un si tu souhaites rester autonome dans ta vie administrative. Le Selfie ne sera bientôt plus un choix, mais une obligation ou un devoir, alors autant se l’approprier pour en tirer les meilleurs profits. Le Selfie est à consommer sur place ou à emporter, il est pour nous et pour les autres.
Selon le baromètre « Confiance & Bien-être des Français 2021 », un français sur deux souffrirait d’un problème d’image ou d’estime de soi ! Le concept d’estime de soi est au cœur des discussions des praticiens et des psychologues depuis sa conceptualisation par William James en 1890.
Complexe et abstrait, James décrit ce phénomène comme la conscience de la valeur du moi. L’estime de soi désigne un jugement ou une évaluation intime de soi en lien avec ses propres valeurs, et qui s’explique par le rapport entre le soi réel (sentiment d’être, avec ses qualités et ses défauts) et le soi idéal (représentation idéalisée de ce qu’un individu souhaiterait être).
L’estime de soi est l’essence de l’individu, le rapport entre les réussites et les aspirations, les résultats et les échecs. Elle représente l’estime de soi de base et elle est considérée stable. Mais une chose est sûre, la photothérapie a un rôle important à jouer dans un traitement lié à une estime de soi en baisse ou en berne. Souvent meurtrie par des complexes et de la timidité, l’estime de soi reste essentielle et malheureusement un atout considérable pour affronter les accidents de la vie, avec bien sûr, le droit à chacun de se sentir bien avec lui-même.
Aussi, quand les mots peinent à soigner les maux, l’idée de s’orienter vers de la photothérapie – ou thérapie-photo – peut devenir pertinente.
S’accepter tel que l’on est, est la quête ultime convoitée. Pour y parvenir, plusieurs séances peuvent être nécessaires. Un feeling naturel et quasi immédiat avec le photographe est la première clé. Si cette étape ne matche pas, restez-en là ! Une thérapie-photo ne se résume pas à un shooting photos, car cet exercice intervient plutôt en fin de thérapie, sans obligation d’ailleurs. Pour celles et ceux qui l’acceptent, cette épreuve (il s’agit bien souvent d’une épreuves à surmonter), peut être un véritable atout dans un cheminement vers soi.
Voici donc ma vision du Selfie, avec en bonus, celle de la photothérapie ou thérapie-photo. J’ai conscience que cette approche ne peut pas plaire à tout le monde et encore moins vous convaincre d’entamer quelques séances, mais rassurez-vous, il existe une multitude de photographes professionnels. À chacun son style et ses arguments…
Finie l’époque du bras tendu ou des perches à Selfie qui multipliaient la grandeur de nos bras par trois. Si vous avez une montre connectée, prenez vos autoportraits en mode « Caméra arrière » pour une meilleure résolution et cadrez à partir de votre montre. Réglez le retardateur sur 10 secondes pour vous laisser le temps de prendre une pose et de vous détendre surtout. Positionnez votre smartphone sur un endroit stable, de sorte qu’il ne tombe pas, puis écartez-vous jusqu’à obtenir le cadrage, la lumière et le zoom souhaités. Il existe désormais un mode pré-configuré pour les Selfies, appelé « Portrait » sur iPhone. Option à consommer avec modération, car elle lisse assez intensément la peau et focalise trop sur le visage en termes de lumière, ce qui crée un effet surréaliste. Néanmoins, il a le mérite d’exister et d’être dédié au portrait, donc il mérite d’être souligné, même si son rendu est trop élogieux. Ce n’est pas vous, mais une version améliorée et peaufinée artificiellement.
Enfin, si vous possédez un Réflex ou un Hybride, ainsi qu’un trépied, passez au niveau supérieur du Selfie et obtenez des photos de bien meilleure qualité, avec un rendu plus réaliste. Les possesseurs de téléobjectifs performants peuvent les utiliser pour leurs Selfies. Perso, j’utilise souvent mon 400 mm. Ainsi, obtiendront-ils la garantie d’avoir une qualité plus fine à l’arrivée en fonction de leur équipement bien sûr.
Que ce soit pour un Selfie ou un portrait, l’état d’esprit dans lequel vous devez être doit, de préférence, transmettre un message positif, quelque soit votre posture, votre regard et la contenance de votre message silencieux (nul besoin par exemple de sourire). Le Selfie, c’est avant tout un état d’esprit !
Lorsque je fais des portraits, je prends les sujets au téléobjectif à au moins 20 mètres d’eux. Ainsi, ils se retrouvent seuls avec eux-mêmes, bien à l’abri de cette mitraillette stressante, libérant 30 millions de pixels à la seconde. Avant de les abandonner à leur sort, je leur demande toujours de penser au message qu’ils souhaitent me livrer, à moi ponctuellement, mais surtout aux autres. Je peux les laisser plusieurs minutes en communion avec eux-mêmes, à l’écart, mais prêt à dégainer aux instants les plus opportuns.
Voilà, tout cela pour dire qu’il n’y a pas de secret et que le fossé entre le Selfie instagramé pris à la volée et celui pris avec un Reflex, n’ont absolument rien à voir. Par ailleurs, la créativité de votre prise de vue permettra à votre autoportrait de sortir du lot et de mieux capter l’attention. Pour cela, une prestation faite par un professionnel peut vous offrir l’opportunité d’avoir une photo au Top pour vos réseaux sociaux, privés comme professionnels.
Merci de l’intérêt que vous avez porté à cet article et à votre disposition pour une séance portrait : shootingdumatin@gmail.com (matin, après-midi ou soir d’ailleurs)