À Orcines, près de Clermont-Ferrand, un homme a transformé sa passion en trésor collectif. Dario Toriani, 87 ans, amoureux de la Petite Reine et ami intime de Raphaël Geminiani et Felice Gimondi, a rassemblé une incroyable collection de vélos et d’objets liés au cyclisme. Son exposition gratuite attire curieux et passionnés, qui repartent toujours avec une petite surprise… et surtout des étoiles dans les yeux.
Une caverne aux trésors
Dès l’entrée, le visiteur plonge dans l’histoire du vélo : une roue en bois d’orme avec ses pignons réversibles, les premiers pneus Michelin garnis de coton, les casques dits « à boudins », les vélos militaires pliables portés sur l’épaule des soldats, ou encore une monture du tout premier Tour de France en 1903. On y trouve aussi la mythique roue lenticulaire, longtemps boudée des équipes, avant qu’un certain Stephen Roche ne l’essaie lors d’une étape à Nice. Résultat : victoire et deux minutes d’avance. La roue allait faire date.
Les maillots ne sont pas en reste : des premières courses régionales aux reliques de Geminiani, chaque pièce est chargée d’émotion.
Des histoires à chaque coin de cadre
Ce qui rend l’exposition unique, c’est la voix de Dario. Car chaque objet a son anecdote, croustillante ou émouvante. Ici une photo de Fausto Coppi, surpris de voir surgir à ses côtés Geminiani, qu’il rêvait d’intégrer à son équipe italienne. Là, le vélo d’entraînement de Geminiani avec son home-trainer d’époque. Plus insolite encore, le vélo de Mata Hari, acquis dans une vente à Vichy.
Les clichés de champions sont nombreux et inestimables : Anquetil, Gimondi, Coppi, Geminiani… en course, en coulisses ou dans de simples moments de camaraderie. Jusqu’à ce souvenir intime : Dario était encore auprès de son ami Raphaël Geminiani la veille de sa mort.
Un patrimoine populaire et vivant
Au-delà des champions, l’exposition célèbre aussi le vélo du quotidien : celui du médecin, du maître d’école, du curé ou même un modèle venu de Chine. Les premières plaques d’identification de 1898, un vélo conçu pour fêter les congés payés, de magnifiques affiches publicitaires d’antan… Tout un patrimoine populaire ressurgit sous les yeux des visiteurs.
Et pour que la passion se transmette, un coin est réservé aux enfants avec vélos et trottinettes à leur taille.
Plus qu’une collection, une mémoire
Auteur de plusieurs ouvrages sur le cyclisme, Dario Toriani n’a jamais cessé de raconter cette histoire d’hommes et de machines. À 87 ans, il incarne une mémoire vivante et joyeuse du vélo. Dans son exposition, chaque cadre, chaque roue, chaque maillot devient un morceau de légende, à la fois intime et universel.
Chez lui, le vélo n’est pas qu’un sport : c’est une histoire d’amitié, de sueur, de liberté… et de transmission.