C’est officiel, les « pratiques sociales et culturelles dans les bistrots et cafés en France » sont inscrites depuis le 25 septembre 2024 à l’inventaire du Patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Elles sont plus précisément classées en tant que « Pratiques sociales, rituels et évènements festifs ». Client de ces adresses remplies d’histoire, d’authenticité et de convivialité dans lesquelles je me rends dès que possible lors de mes reportages touristiques, il me tenait à cœur de partager avec vous cette grande nouvelle.
Pour information, la France dénombre 130 « Bistrots de pays », dont 7 dans le Puy-de-Dôme, 2 dans l’Allier et 3 en Haute-Loire. Ces établissements labélisés sont un peu les Rolls des bistrots et il est important de les valoriser et d’en parler, car ils offrent une atmosphère chaleureuse qui réanime l’être social, ouvert et tolérant que nous sommes à peu près tous, je l’espère, à l’origine. Ces bistrots proposent des services utiles et une cuisine raffinée, surfant entre bistronomie, terroir et circuit-court. Pour obtenir le label « Bistrot de pays », il faut être dans une petite commune de moins de 2.000 habitants ou être le dernier commerce.
À côté de ces adresses très en vogue auprès des locaux et des touristes, il existe également des lieux multiservices plus discrets, proposant bien souvent un café aux allures d’autrefois et une petite épicerie de fortune intégrée pour dépanner les habitants du coin. Ces commerces n’hésitent pas en plus à ajouter des services du quotidien autour de leur activité principale, des services qui ne leur génèrent globalement aucun bénéfice ou très peu, autre que le sentiment agréable de rendre service : photocopies, accès internet, photo d’identité, relais colis, etc.
Ces commerces sont les derniers bastions de la convivialité rurale, des éléments aussi essentiels que la présence d’une école ou d’un bureau de poste. Grâce à eux, le lien social est préservé. Grâce à eux, les habitants de nos campagnes ne se sentent plus isolés. Grâce à eux, un touriste parisien séjournant en Auvergne peut trouver une oreille attentive et bienveillante s’il souhaite avoir des adresses secrètes pour découvrir le territoire. Grâce à eux, on détient un antidote contre les relations à distance qui envahissent de plus en plus nos vies professionnelles, amicales, sentimentales et familiales, nous donnant l’illusion de vraies relations, alors qu’il ne s’agit en fait que de simples connexions.
Dans un bistrot, auberge ou café multiservices, on peut pendre son café, un p’tit rosé pour certains, gratter un billet de loterie grâce à un corner PMU ou Française des Jeux. On peut se retrouver entre amis certains jours et à horaire précis, plonger dans une ambiance multigénérationnelle des plus enrichissantes pour tout le monde. Au comptoir, on parle de l’actualité internationale, de Trump, de Poutine, de Tesla et de SpaceX, autant que celles de nos villages, de nos brocantes et fêtes communales en parcourant la presse locale, tout cela sans jamais s’énerver ou prendre quelqu’un à parti. Les échanges sont toujours respectueux, ouverts et tolérants, car on est tous là pour passer un bon moment. On reste aussi très attentif à l’absence répétée, parfois inquiétante, d’un habitué qui ne vient plus se joindre à nous. Cela nous incite alors à prendre de ses nouvelles autrement pour savoir si tout se passe bien. Rires, boutades, bienveillance et légèreté peuvent laisser la place parfois à des débats plus profonds (si si, promis 🤣), des coups de gueule concernant ce monde qui ne tourne plus vraiment rond et une parenthèse incontournable pour la célèbre « Philosophie de comptoir », souvent copiée, mais jamais égalée ! 🤭
Tout cela, pour ma part, j’en ai fait un rituel quotidien, me rendant chaque matin à la Casa Carlos & Babeth à Chidrac près d’Issoire (le café à 1 € s’il vous plaît et il est excellent, c’est un Delta 🇵🇹☕️). Un p’tit café comme j’aime, accolé à un Vival botoxé par un point multiservices important. Après mon café, je fais mes courses du jour et je succombe régulièrement aux tentations du rayon traiteur de Carlos (que du local bien sûr, avec un super St-Nectaire à 15,90 € / kg), véritable temple de la gourmandise 🤫. J’en repars toujours avec le sentiment d’avoir passé un bon moment, drôle et utile, fin prêt à débuter ma journée de travail avec le sourire.
À l’heure du numérique et des réseaux sociaux – sur lesquels je passe énormément de temps comme me l’imposent mon travail de Community Manager et celui de veilleur en eRéputation – je dois avouer que l’instant bistrot est synonyme pour moi de bien-être et de connexions sociales d’une qualité telle, que le monde virtuel est bien incapable de concurrencer. J’ai quelques amis virtuels pourtant, auquel je tiens également, mais rien ne vaut la vraie vie pour en profiter pleinement. Les voir en dehors de l’écran m’apporte un plaisir bien supérieur.
Bravo aux cafetiers courageux qui prennent le relais de leurs aînés dans des villages retirés, alors que le challenge est loin d’être gagné. Ils se lèvent tôt, finissent tard, travaillent le samedi, le dimanche. Ils accordent un temps considérable à leurs clients en prenant le temps de parler avec eux de la pluie et du beau temps, un atout précieux pour les personnes âgées qui ne voient pas souvent leur famille par exemple. Ils savent très bien qu’ils ne vont pas pour autant s’enrichir et ils sont là, toujours fidèles au poste. Merci à eux pour leur présence et leur bienveillance !
