Le temps s’est arrêté dans ce Bistrot-Pâtisserie, lieu confidentiel de Saint-Anthème. Le Balaya est tenu par Gérard et Monique Champeix depuis… toujours. Et pourtant, il fonctionne encore et rassemble ses clients fidèles autour d’un Rossignol, chaque jour à partir de 11h30. Le Rossignol, c’est un p’tit kir à base de vin blanc et de sirop de griotte. C’est l’apéritif de la maison. D’autres vont préférer venir ici par gourmandise et se laisser tenter par les glaces artisanales de Gérard, ses sublimes Vacherins, ses non moins délicieuses bûches Périgourdines, ses pâtés à la viande, ses tartes aux myrtilles, ses chocolats ou encore ses pâtisseries traditionnelles.
Le bistrot et la pâtisserie ne font qu’un : même entrée, même atmosphère, même tapisserie d’antan, mêmes meubles sur-mesure et même convivialité. La décoration est, comme on dit, dans son jus !
Des objets d’autrefois trônent sur les étagères, tels les vieux packagings de boites de chocolats Suchard ou de Bouquet d’or, une pancarte sur laquelle est écrit : « Un rosé social… des réseaux sociaux ! », un vieux thermomètre à mercure publicitaire offert par le commerce en gros « Chez Montchamp Gabriel », à Craponne-sur-Arzon (Haute-Loire) ou encore cette élégante balance d’épicerie de marque Millier.
En ce mois de décembre 2024, Monique affiche 82 ans au compteur, tandis que Gérard est bien plus jeune : 81 ans et demi. Ce commerce a été créé par la grand-mère de Gérard. C’était alors l’Hôtel-Café Bœuf. « Ma belle-mère est restée ici jusqu’à 95 ans et elle a continué à servir des canons jusqu’au bout », me précise Monique. Ancienne professeur d’histoire et Maire de Saint-Anthème de 2001 à 2008, Monique aimerait bien souffler un peu et arrêter l’activité, mais « mon mari continue de faire des bûches glacées et des pâtisseries. Il n’y a que ça qui l’intéresse. Sans ça, il serait foutu ! », me souligne-t-elle.
À l’époque de l’arrière-grand-mère, dans un coin du bar, les femmes faisaient de la dentelle au carreau, sur la base d’un coffre en bois. Les dimanches matin, quand elles venaient à la messe, elles faisaient leurs commissions, elles laissaient leur cabas et leur cadre de dentellière chez nous, puis allaient à l’office. Il y avait deux messes à Saint-Anthème : une à 8h30 pour les hommes et une à 10h30 pour les femmes. L’église était pleine à craquer et la bonne trentaine de bistrots du village aussi. Il faut dire que la commune comptait 3.000 habitants autrefois, soutenue par la présence significative de nombreux miliaires avant la guerre de 1914. « Aujourd’hui, il n’y a plus de messes, plus de curés, plus de dentellières. Il n’y a plus rien », poursuit Monique, nostalgique. Nous ne sommes plus que 703 à Saint-Anthème, ajoute avec précision cette ancienne Maire du village.
L’îlot central – que l’arrière-grand-père a fait faire – est recouvert de marbre de Comblanchien – une pierre naturelle de Bourgogne. Le tiroir-caisse, aux couleurs de la tapisserie, est lui aussi d’origine. Par contre, le four à bois de Gérard n’est pas ici, mais juste en face, de l’autre côté de la rue.
« Quand les touristes viennent ici, on voit vraiment qu’on est des dinosaures », m’explique Monique, amusée. On passe pour des bêtes curieuses en voie de disparition, auprès des touristes et autres curieux qui nous découvrent.
De nouvelles familles s’installent un peu plus régulièrement à Saint-Anthème, une commune stratégiquement située entre Ambert et Montbrison. Cela augmente les effectifs dans l’école primaire qui compte quatre classes (environ 75 élèves) et le collège (environ 80 élèves), me confie Monique, et heureusement, car chaque année, l’équipe municipale doit se battre pour sauver nos groupes scolaires. S’il n’y a plus d’école, il n’y a plus de vie, ajoute-t-elle avec clairvoyance. Par chance, nous avons un petit pôle santé, une pharmacie, un office de tourisme, un excellent restaurant que j’ai testé et que je vous recommande (L’encas), un plan d’eau très prisé l’été par les familles (avec surveillants de baignade), une station essence et plusieurs commerces plutôt très sympas.
À 20 minutes du bourg de Saint-Anthème, je vous conseille également de faire un saut au sublime Col des Supeyres (1.365 m). De nombreux parcours de randonnées vous y attendent, ainsi que de très belles pistes de ski de fond et de raquettes. Plus haut, à 2 km de la station, sur le plateau des Égaux (1.414 m), un terrain de jeu s’ouvre en grand pour les adeptes du Snow Kite, un sport de pleine nature associant la mini-voile (dérivé du parapente) et le ski.
À proximité du Col des Supeyres, un autre spot est à découvrir : le Parc d’activités Prabouré. Il comporte une tyrolienne géante de 800 m pouvant vous emmener à 80 km/h, suspendu à 110 m de haut, ainsi qu’une piste de Snow Kite, une école de chiens de traineau, un stade de biathlon et une multitude d’activités pour les enfants l’été.
Le Bistrot-Pâtisserie de Gérard et Monique – lieu insolite, avec un patron et une patronne et des clients atypiques – est identifié (à tort) comme « Définitivement fermé » sur Google Maps. N’hésitez pas franchir la porte de ce commerce rempli d’histoire et d’authenticité. Juste en face, la très réputée Boucherie Fougerouse, véritable institution locale, déploie bien souvent une file d’attente qui n’en finit pas.
« Après nous, ça fermera, et puis c’est tout. On louera ce commerce pour des films historiques ! », me dit malicieusement Monique, qui a encore bien la tête sur les épaules, croyez-moi !
Bistrot-Pâtisserie le Balaya
Place de la Halle – 63660 Saint-Anthème
Pas de paiement par carte bleue
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