Afin de mieux comprendre le circuit de la pomme Golden AOP, je me suis penché sur l’une des quatre coopératives de Corrèze aptes à décerner le prestigieux label à des lots remis par des petits producteurs. C’est à Cooplim, en effet, qu’arrive une partie des récoltes corréziennes. Ici qu’elles sont méticuleusement analysées, délicatement triées et soigneusement emballées à destination des grands ou petits distributeurs. Si la première vie d’une pomme s’achève ici – loin de ses branches, du soleil et de la fraîcheur des nuits – sa seconde vie démarre sur les chapeaux de roue à la façon Tetris. Prêt pour le dernier Level ? Go !
Un peu à l’image des bagages en transit dans un aéroport, les pommes sont scannées et préalablement triées par plusieurs capteurs pour détecter les moindres défauts et caractéristiques du fruit. Selon les premiers critères de sélection scannés, les pommes sont dirigées vers tel ou tel rail pour affiner le tri. Rapidement, des prélèvements manuels se font pour être analysés dans le laboratoire intégré, dans lequel j’ai rencontré Brigitte, technicienne laboratoire et assistante qualité. Brigitte teste la fermeté, la sucrosité et l’acidité des pommes prélevées au hasard dans un lot, en prenant soin d’intégrer aussi bien les pommes vertes, que les jaunes ou les blanches, car sur une même parcelle, il peut y avoir des disparités, me souligne Fabrice Faure, Responsable traçabilité, achat et comptabilité chez Cooplim.
Parmi différents outils de mesure, Brigitte utilise un réfractomètre digital pour évaluer précisément le taux de sucre présent dans une pomme et la couleur peut être trompeuse parfois, me précise-t-elle. Pour m’expliquer son travail, elle prélève devant moi 10 ml de jus et ajoute du bleu de bromothymol pour neutraliser l’acidité et détecter la présence de dioxyde de carbone. C’est avec tous ses appareils et différentes solutions injectées qu’elle va obtenir les caractéristiques d’une pomme et déterminer la qualité de tout un lot. Si ces premiers résultats font appel à la science, les Golden AOP sont néanmoins confiées à des goûteurs en fin de circuit pour ajouter une expérience gustative aux résultats émis sur des écrans.
Après avoir été triées, les pommes partent en chambre froide et chez Cooplim, il y en a 80. Une surface inimaginable qui m’a sincèrement médusé, car elles sont gigantesques ! Cooplim recense en moyenne 75 adhérents sur le territoire Corrèze-Dordogne. Lindor, autre coopérative très connue, est plutôt tournée vers la Haute-Vienne, mais elles possèdent toutes les deux le même service commercial. Cooplim emploie une centaine de salariés et une vingtaine de saisonniers. Cette coopérative traite 20.000 tonnes de pommes par an, récoltées sur une centaine d’hectares répartis à travers ses adhérents.
C’est le syndicat de défense de l’AOP Pomme du Limousin qui effectue le test ultime de dégustation et il n’y a généralement pas d’écart avec le verdict scientifique. De son côté, le petit producteur attend avec impatience le résultat de la coopérative pour connaître le pourcentage de sa production qui a été labellisé, car plus sa production aura obtenu le précieux Graal, plus il sera gagnant bien sûr. Cooplim ne se visite pas, mais j’espère que cette immersion dans la filière confidentielle de la pomme Golden AOP vous permettra de croquer dedans différemment, car sur Terre ce n’est pas interdit, c’est même plutôt recommandé !
Coopérative COOPLIM
6, la Ribière de la Reille – 19130 St-Aulaire
Téléphone : 05 55 25 00 01