Si le concept d’un stylet solide et sec remonte à l’Antiquité, le crayon moderne est quant à lui né en 1792 par l’invention de l’Autrichien Joseph Hardtmuth. Il a ensuite été amélioré par le peintre-physicien-chimiste-aéronaute et officier public français Nicolas-Jacques Conté en 1794. Il créa dans la foulée, seulement un an après, la célèbre marque « Conté à Paris ». L’entreprise se mit alors à fabriquer des crayons de couleur et graphite (allant du noir très profond à du gris très clair), ainsi que différents autres outils dédiés au dessin. Voici l’incroyable histoire du crayon…
Le crayon à papier moderne est né d’une réponse au blocus économique instauré durant la guerre contre l’Angleterre, pays reconnu à l’époque pour être le principal fournisseur de plombagine, que l’on confond aisément avec le « crayon à mine de plomb » qui lui, n’en contient pas un poil, de plomb. Heureusement, cette année-là, pour éviter la pénurie de crayons, notre petit français trouve la parade : il invente un crayon moins gourmand en graphite, pour s’alléger de la dépendance vis-à-vis de l’Angleterre. En le mélangeant avec de l’argile et en faisant cuire le tout à 1000 °C, il réalise une mine efficace et bon marché. Il la gaine avec du bois de tilleul ou d’épicéa et Cocorico ! Le crayon moderne est né, et il est français.
Il faudra attendre l’ingéniosité du gendre de Nicolas-Jacques Conté pour améliorer encore le procédé de fabrication et créer une gamme de crayons de coloriage. Durant le XIXe siècle, de grands artistes utilisent les crayons de couleur Conté, tels Corot, Delacroix, Ingres et même Picasso.
En tous les cas, c’est ainsi qu’une partie de l’histoire nous a été contée…
Si l’Homme a visiblement été l’architecte du crayon, la légende raconte que le crayon des bois, lui, détient encore secrètement un pouvoir que toute la puissance industrielle et l’ingénierie du monde moderne n’ont encore jamais pu reproduire : sa dimension sensorielle et énergétique. Quelques initiés connaissent néanmoins la vérité, à savoir que seul le crayon stimule notre créativité et que sans lui, notre vie ne franchirait jamais les limites de notre hémisphère droit. Le crayon n’est donc pas qu’un simple accessoire, mais le miroir de notre esprit, un tremplin, une muse et un libérateur si je ne m’abuse.
Si la madérothérapie et la sylvothérapie sont reconnues aujourd’hui comme outils de naturopathie, Patrick Tourre sait également que de la branche de l’arbre émane une attraction et une âme. Patrick, c’est le « Monsieur des crayons ». Il n’est ni ingénieur ni magicien, seulement un amoureux du bois qui sait sentir et préserver ses propriétés métaphysiques. Bienvenue dans l’univers de l’intelligible et de la force vitale qui viennent de la forêt pour libérer et maximiser votre imagination d’un coup de main affûté et d’un coup de pouce enchanté…
Ce liquide nutritif des plantes et des arbres contient aussi des sucres qui sont utilisés par l’arbre pour produire de l’énergie. Cette énergie, elle coule dans chaque branche que Patrick sélectionne pour fabriquer ses crayons. Avec le temps, il a appris à en capturer l’essence et en à préserver tous les bienfaits. Propulsée par le xylème – le tissu conducteur d’un organisme végétal – la sève brute se transmet des racines à la feuille et par extension, à la feuille de papier. Que le papier soit fabriqué par hasard à partir du bois je n’y crois pas ! Le bois et le papier sont de vieux complices, on le sait, et ils ont encore mille choses à nous révéler.
Parfois, au fin fond de la forêt, ce Monsieur des crayons se retrouve nez-à-nez avec des feu-follets. Son mètre quatre-vingt-quinze et sa grosse voix, toujours les effraient, les figent et les lignifient à jamais. De ces lueurs bleutées et survoltées du passé, naissent alors de surprenantes bestioles métamorphosées en bois, toutes tordues et tarabiscotées. Pas une seule fois, il n’en repart sans en capturer quelques spécimens, soignant années après années, une collection d’étrangetés. Il les a surnommé « les Zigotos », des crayons uniques, un peu marteaux, à l’image des légumes moches, mais il les a rendu beaux.
C’est ainsi que cette tribu jadis peu recommandable, mais désormais contrôlée, côtoie quotidiennement les autres crayons de Patrick, jalousant inlassablement leur corps de rêve, sveltes et presque filiformes à souhait, sans appendice pour les déséquilibrer. Le plus frustrant pour eux, c’est d’entendre ce Monsieur parler avec ces Pin-up d’une beauté indécente, qui auront bientôt bonne mine et trouveront facilement des mains douées pour les faire danser.
« Regarde-les avec leurs silhouettes maigrichonnes, leurs teintes tantôt noires, tantôt dorées. Certaines osent même exposer leur corps martyrisé et grêlé en toute impunité. Pffff ! ».
Les Zigotos sont amers, c’est compréhensible, mais ils en oublient qu’eux aussi sont nés du même père. Certes, ils ne brillent pas autant que ces lots de crayons fiers et ficelés comme des filets mignons, tandis qu’eux sont suspendus comme de vulgaires saucissons, tout cela parce qu’ils sont incapables de s’allonger en rangs d’oignons. Il faut dire qu’ils ont belle allure ces crayons de couleur, dos à dos, entremêlés au beau milieu de mines enjouées. On dirait parfois qu’ils veulent décoller, oubliant leur condition et que leur pointe aiguisée est à mille années-lumière d’une coiffe de fusée.
Parmi ces îlots colorés, quelques crayons Tutti-Color et Graphites tentent de se faire remarquer. Si les Graphites restent les plus discrets, les Tutti, plus effrontés, pointent leur pyramide à quatre pans en guise de bout du nez, le tout habillé d’une quadrichromie rouge, bleu moyen, vert clair et jaune d’or ou d’autres déclinaisons selon les envies et les saisons.
Tout le monde se soucie des fruits, des feuilles et des bourgeons, mais qui prend soin des branches sans lesquelles un arbre ne se résumerait qu’à un tronc ? Les branches sont de précieux bras, de délicates mains et d’authentiques doigts de Fées, et à ce titre, chaque brindille est loin d’être une broutille.
Sur l’île aux crayons, l’osier récolte les lauriers. C’est le matériau Roi qui fait de ce vulgaire bout de bois « la belle de Salix », digne descendante des jeunes pousses de saules. Il est aussi l’héritier de précieuses propriétés, dont la solidité et une silhouette longiligne idéales pour danser sur du Canson, redonner vie à une nature morte ou croquer le portrait d’un inconnu craquant.
L’aspect brut de la baguette en osier est le garant que la continuité de l’arbre a été préservée. Respectueux de la nature, le Monsieur des crayons s’applique à donner une seconde vie aux branches et les dote d’un antidote contre la morosité : une mine colorée customisable en 23 couleurs pastel ou contrastées.
C’est ainsi qu’après avoir quitté l’île d’un battement de cils, vous pourrez vous réveiller dans le monde réel et dessiner sans relâche en puisant dans l’énergie de l’arbre avec lequel vous serez à jamais lié. Connecté à ses racines, à sa sève et son puits intarissable d’inspiration, il ne vous restera plus après qu’à partager vos créations.
Puisse ce voyage sur L’île aux crayons vous rendre plus créatif, ici ou ailleurs, maintenant et jusqu’à la fin des temps. Jusqu’à ce que vous, à votre tour, deveniez une vieille branche…
« C’était lors de ma toute première exposition, lors d’une fête médiévale à Chinon. On avait conseillé à tous les exposants dont je faisais partie, de remballer leurs affaires à cause de la viande saoule du samedi soir. Il y avait tellement de sens interdits et de sens obligatoires pour quitter la vieille ville, que j’ai atterri au cœur d’une immense place, archi bondée, où se déroulait un bal. Impossible pour moi de rebrousser chemin en raison des autres artisans qui me suivaient à la file indienne. Je me suis donc engagé timidement, mais je n’ai pas tardé à me faire conspuer, voire insulter, jusqu’à ce qu’une jeune femme se penche vers moi, me reconnaisse, monte sur le toit d’une vieille 504 et hurle à la foule : « Laissez passer le Monsieur des crayons, ils sont supers ses crayons. Laissez passer le Monsieur des crayons ! », puis tout le monde s’est écarté en applaudissant. Voilà d’où vient ce surnom de « Monsieur des crayons ». Dans les foires Bio, on m’appelle « le Géant vert » et ceux qui me connaissent encore plus, m’appellent HULK ».
Marc Nevoux a parcouru tout le département du Puy-de-Dôme à la recherche de lieux pour les curieux. Il en a fait un Guide Touristique édité par la Maison d’édition Christine Bonneton sous la collection « 100 lieux pour les curieux ». Vous pouvez acheter ce guide directement chez l’éditeur, en ligne ou dans les librairies indépendantes. L’affiche augmentée correspondante au Monsieur des Crayons est en vente sur ce site. Cliquez sur le lien ci-dessous pour accéder à la fiche produit. Il s’agit d’un Poster déco au format 50×70 cm qui comporte un QR Code. Ce QR Code renvoie sur cet article. Une façon originale de décorer votre intérieure en y ajoutant une note culturelle qui ne manquera pas de surprendre toute la famille et vos amis.
